Aujourd’hui, nous rencontrons Alonso Ormeño, entraineur de l’équipe suisse féminine, qui a remporté les championnats du monde de tchoukball cet été à Prague.
La question est de savoir comment un entraîneur arrive à gérer les jours qui suivent un tel sacre. Sa réponse vient rapidement et du fond du cœur « pas du tout, je n’ai pas du tout vécu ces jours, je n’ai pas encore digéré ce titre ». En effet, après la folle journée de la finale ont suivi quelques jours de maladie et de vacances avec des amis qui ne lui ont pas laissé le temps de refléter sur l’exploit accompli. Ce n’est que plus de 10 jours après qu’il commence à réaliser. En tout cas factuellement. Car ce que ce titre représente pour lui, pour les joueuses, pour la fédération et pour le tchoukball il ne peut s’imaginer, mais il est convaincu que cela va donner plus de moyen à notre sport, qu’il faut en profiter mais surtout qu’il faut rapidement se remettre au travail. La Suisse a une organisation du cadre national qui est solide qu’il faut cependant continuer à renforcer. Mais avant de parler d’avenir, replongeons-nous dans cette compétition et comment Alonso l’a vécu.
Un job dans une organisation optimale
Être entraineur ce n’est pas seulement être au bord du terrain et crier des consignes à ses joueurs. Il s’agit principalement de planifier et d’organiser énormément d’éléments, pour que l’équipe soit performante au moment des matchs. Prenons l’exemple d’un match se jouant à 8h du matin, la préparation ne commence pas la veille. L’équipe adapte son rythme de lever et petit déjeuner déjà cinq jours avant. Dans le planning il ne s’agit pas seulement de se préparer au prochain match, mais aussi de trouver le temps de revenir sur les matchs joués, les massages, le repos mais aussi pour encourager l’équipe masculine suisse.
L’excellente organisation de Swiss Tchoukball a également beaucoup contribué à ce succès car l’équipe n’avait qu’à se concentrer sur sa compétition. En effet, la fédération nationale avait réservé son propre hôtel pour sa délégation, proche du centre sportif. Elle a aussi géré tous les repas des joueuses et joueurs, ce qui a grandement facilité toute la logistique autour de la gestion de l’équipe.
Le plus difficile à gérer ont été toutes les émotions. Beaucoup de monde était déjà sur place pour les compétitions des P40 (joueurs de plus de 40 ans) et l’attente, d’enfin entrer dans cette compétition à été longue. Ensuite il y avait toutes les émotions, en équipe et en individuel, qu’il a fallu gérer : les moments de stress, de panique mais aussi de sur-confiance. Pour y arriver le coach national a dû canaliser ses propres émotions.
Etonnamment, il n’a pas été surpris par le titre. Après la déception des championnats du monde de 2019, où les Suissesses ont fini à la 4e place, l’équipe a travaillé dur. En 2022 elles ont remporté le titre européen et en analysant le jeu des équipes asiatiques l’équipe a vu qu’elles avaient le niveau pour jouer quelque chose. L’objectif déclaré était donc un podium, voir même une place en finale.
Parlons-en de cette finale, face à l’Italie
Pour accéder à cette place en finale, les Suissesses ont d’abord remporté leur quart de finale face à l’Allemagne et ont éliminé Hong Kong en demi-finale. Les Italiennes ont de leur côté battu en demi-finale, d’un petit point l’équipe de Chinese Taipei, après un match fou et deux prolongations. Le seul regret du coach suisse est de ne pas avoir rencontré cette équipe (Chinese Taipei) lors de cette compétition. Une fois la place en finale acquise, notre Alonso était confiant quant à l’issue de cette finale. La dernière rencontre avec les transalpines, en décembre 2022 à la Coupe des Nations à Genève avait encore été remporté par ces dernières. L’équipe suisse en a tiré les leçons : faire plus de rotations pour casser le rythme et bloquer les tirs de la meilleure attaquante. Et le match, d’une qualité incroyable, avec très peu de fautes de la part des deux équipes, a montré un tchoukball spectaculaire. Et comme anticipé par le coach des Suissesses, elles ont réussi à mettre en place la stratégie prévue, elles sont restées soudées sur tout le match et ont gardé leur concentration jusqu’au bout, pour aller remporter ce titre de championne du Monde.
Retour sur un long parcours d’entraineur jusqu’au titre mondial
Avant d’être sacré champion du monde en tant qu’entraineur des Suissesses, Alonso a connu de nombreuses expériences dans le monde du Tchoukball.
Alonso a commencé le tchoukball en 2007 Tchoukball Club Genève et il a évolué au sein de la première équipe du club jusqu’en 2016. Durant cette période il a aussi été joueur de l’équipe suisse masculine de 2009 à 2014. Rapidement il a aussi démarré sa carrière d’entraineur, en devenant l’aide-entraineur adulte sport pour tous du Tchoukball Club Genève. Vite il a repris la responsabilité de cet entraînement, qu’il a géré jusqu’en 2015. En 2009, après que la première équipe du club a eu remporté le titre de champion suisse, il a également repris la responsabilité de cette équipe à la suite de Jean-Loup Remolif. Ce qui a commencé par « être surtout du fun » est rapidement devenu une activité plus sérieuse. Dès 2011 il a commencé à investir la salle de musculation du centre sportif du Bois-des-Frères. Par la suite il a continué d’apprendre sur l’entrainement de la condition physique au contact de Yann Bernardini et dès 2014 il a créé les « ateliers de conditions physiques du vendredi soir » avec certains juniors du club, nommés Malika, Valentin, Marion, Lydia et autres Yanis…. Dès 2016, moment où il quitte la fonction d’entraîneur à Genève, il est investi dans la création du CRTG, le centre de la relève du tchoukballl genevois, qui a débuté ses activités en 2017. Il y a entrainé durant 4 ans, dont lors du tout premier semestre d’activité du sport étude en 2020. En 2016 il entre aussi en contact avec le cadre national féminin, en tant qu’aide-entraineur de Jonas Gachet, avant de prendre la responsabilité de l’équipe à la suite des championnats du monde de Malaisie en 2019. En même temps il devient également responsable de l’équipe de championnat du club de Meyrin, équipe qu’il entraîne toujours actuellement.
Ce qui au début a commencé comme une activité de loisir et devenu un engagement sans limite et sans compter.
Et la suite ?
Pour Alonso, photographe de profession, le tchoukball représente une grande partie de son temps libre. Et dans le peu d’autres heures de loisir qui lui restent il aime se changer les idées avec le cinéma, les jeux vidéo et, de nature très sociale, il aime aller à la rencontre des gens car comme il le formule si bien « avec qui est clairement plus important que le quoi ». Et après un peu de repos et de « retour sur terre », Alonso pense déjà aux prochaines échéances, à savoir terminer sa formation d’entraîneur Swiss Olympic puis préparer les prochaines compétitions internationales de l’équipe féminine. Il repart en effet pour un cycle de 4 ans avec l’équipe féminine suisse, avec l’objectif de défendre leur titre lors des championnats du monde de 2027. Et champion de la planification qu’il est, cette fois il n’oubliera pas de prévoir le temps de récupération après la compétition !
Photos: David Sandoz